Tour d’horizon d’entreprises qui ont opté pour ce lien direct ou qui le remettent au gout du jour
Dans la droite lignée du mouvement de relocalisation et de la remise en route de filières (voir Entreprendre n° 196 d’avril 2022), des entreprises du département font également la part belle au circuit ultra-court. Des producteurs qui ont fait de la fourche à la fourchette leur credo. Zoom sur quelques exemples.
MONTCUQ : « PATAPAUL », les pâtes 100% lotoises
Elles font partie de la gamme « Terre de Montcuq »
Lieu-dit Métairie Basse, 46800 Montcuq-en-Quercy-Blanc
« Quand j’ai rejoint mon père sur l’exploitation EARL Arnal, à Montcuq, nous avons réfléchi à ouvrir de nouveaux débouchés afin que mon installation soit une réussite. Nous cherchions à transformer notre production. Nous avons donc opté pour le circuit ultra court en créant nos pâtes à base de notre blé dur. Nous cultivions déjà du blé tendre pour le Croustilot. La farine est fournie par l’entreprise Thamié à Sauliac-sur-Célé. » explique Paul Arnal aux côtés de son papa, Jérôme. Après deux ans de « gestation », les « PataPaul », fabriquées sur place, sont sorties. Coquillettes, nouilles, tortis, tagliatelles, et fideua (les petites dernières) sont sans additif ni intrant, avec uniquement du gluten naturel. Elles sont vendues comme le miel de lavande de la maison sous la marque « Terre de Montcuq ». « Notre ADN, notre différence c’est la qualité. Nous séchons nos pâtes lentement, à basse température » précise Paul. Et le succès est au rendez-vous, les gourmands peuvent ainsi retrouver les « PataPaul» dans des magasins à Montcuq, Cahors, Gourdon… Et de conclure : « Nous essayons aussi de travailler avec les collectivités. Cela rentre complètement dans la logique du moment ». Les « PataPaul » bientôt dans les assiettes des élèves lotois ? On vote pour !
ANDROS cultive l’amont fruitier
Le service est basé sur les filières intégrées
L’Amont Fruitier du groupe Andros est une exception dans le monde industriel de la transformation du fruit. Sa clé de voûte ? Les filières intégrées qui permettent des partenariats au long cours avec les producteurs. Le service travaille ainsi avec une centaine d’agriculteurs partenaires, majoritairement en France mais aussi dans le reste du monde. L’équipe de l’Amont Fruitier Andros rappelle « cette histoire du rapatriement en France d’une variété de framboise d’Europe de l’Est », exemplaire de ce lien fort entre l’entreprise et les producteurs : « C’est un fruit fragile, très long à récolter, il n’y en a pas beaucoup qui
sont cultivées en France. Nous avons tout de suite pensé à la Corrèze dont la filière d’élevage et de céréales avait été mise à mal, comme dans beaucoup de départements. Il s’agissait de les soutenir ! Notre enjeu était à la fois de trouver une diversification pour les jeunes agriculteurs et de créer une filière de framboises françaises. Nous savions que le prix ne serait pas le même, mais nous voulions créer l’exception de qualité à la fois agricole et humaine en aidant ces jeunes agriculteurs. Nous avons pris en charge le premier hectare, les plants, les piquets d’irrigation, etc… Tout le matériel pour qu’ils puissent planter. Ensuite, l’agriculteur était à l’œuvre. Et nous avons fait un bilan très positif au bout d’un an, qui nous a encouragés par la suite à doubler la surface chaque année. C’était un pari progressif, car la framboise met 3 ans à faire un fruit, nous aurions pu attendre la récolte du premier hectare d’essai. Mais nous avons pris le risque ensemble de replanter chaque année tant que la qualité était au rendez-vous. Le résultat est là, nous avons un agriculteur passionné et des framboises 2 fois meilleures ».
BELEFORT-DU-QUERCY : après 40 ans d’existence, La Pinède grandit encore
La station d’expédition de fruits, installée dans le Quercy, se développe malgré les crises. La qualité de ses kiwis, notamment, séduit la France et l’Europe.
« Malgré le Covid, l’inflation, La Pinède résiste et se développe », assure Magali Coquoin, directrice générale de La Pinède. La station d’expédition de fruits, installée à Belfort-du-Quercy et âgée de plus de 40 ans, affiche une belle croissance. « Au 30 juin 2022, nous étions à 13 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il y a cinq ou six ans, il était seulement de 7 millions d’euros », précise la responsable qui travaille à La Pinède depuis 32 ans. Aujourd’hui, l’entreprise trie, calibre et emballe des melons, des kiwis et des prunes pour des grossistes – ils représentent 70% de leurs clients – mais aussi des centrales d’achat. Le petit fruit poilu et vert à l’intérieur constitue sa principale force. L’entreprise en expédie 4 000 tonnes par an, principalement en France mais aussi en Europe. Le kiwi, que la marque a lancé en 1984, pour compléter son activité fondée sur le melon, représente aujourd’hui la part la plus importante de son chiffre d’affaires. Ce succès repose selon la directrice sur plusieurs éléments. « La marque Pinède est un gage de qualité. Nos producteurs sont suivis par un technicien pour optimiser la qualité du fruit, explique
Magali Coquoin. De plus, nous sommes réactifs, car nous nous appuyons sur une petite équipe. Elle est composée de 15 salariés permanents et de 15 saisonniers en hiver et en été. Il s’agit d’une main d’œuvre locale que nous souhaitons fidéliser. En effet, la force de La Pinède repose en grande partie sur ses employés, sur leur expérience, leur polyvalence. Certains sont là depuis 20 ans. » Pour continuer à compter dans le monde du fruit, l’équipe suit l’évolution de la consommation. Pour répondre à des clients gourmets attachés à l’expérience gustative, ils veulent travailler sur le goût. « Nous souhaitons acheter une nouvelle calibreuse qui aiderait à améliorer le tri, précise la directrice générale. Nous élargissons aussi la gamme de nos produits, avec notamment des kiwis jaune et rouge, ainsi que des fruits bio. »
>La société appartient depuis 2019 à un duo d’actionnaires correspondant à deux groupes de producteurs, chacun leader sur son produit : le groupe SCAAP KIWIFRUITS DE FRANCE pour le kiwi et le groupe Boyer pour le melon.
CASTELNAU-MONTRATIER : « Lait Frères », plus que jamais le goût des autres
Production de lait pasteurisé et de yaourts du côté de Ganic
C’est une belle histoire de famille ! Emmanuel et Ludovic Bonnet du GAEC éponyme situé à Castelnau-Montratier, au lieu-dit Ganic, ont décidé de voler de leurs propres ailes il y a plus de 10 ans maintenant. « Nous avons créé notre marque « Lait Frères » afin de vendre notre lait pasteurisé avant d’ajouter une corde à notre arc avec la production de yaourts à partir de 2014. Nous avons également rejoint Biolait en 2017. Pour acquérir le label Bio, nous avons dû changer de mode d’exploitation. Aujourd’hui, nos 40 vaches profitent de plus de 200 jours de pâturage et pour les périodes hivernales ou caniculaires, essentiellement du foin et de l’enrubanné d’herbe » rappellent-ils avant d’évoquer le volet commercial : « Nous vendons nos produits dans de petits magasins, directement à la ferme via le « Drive Fermier de Ganic » qui regroupe une quinzaine de producteurs, et aux collectivités, écoles et lycées notamment, qui jouent de plus en plus le jeu. »
« Lait Frères » à déguster sans modération !
06 88 32 81 82 – laitfreres@gmail.com
drivefermierdeganic.fr
La Maison LABORIE, le goût du Lot
Le séchoir de l’éleveur artisan salaisonnier-charcutier est implanté à Labastide-du-Haut-Mont
La Maison Laborie cultive le goût et ce, depuis 90 ans, avec des cochons élevés en plein air au milieu des châtaigneraies. « Nous sommes une PME qui s’est développée en créant dès les origines des synergies avec Paris. Notre savoir- faire est toujours notre marque de fabrique. En 2014, à mon arrivée au sein de l’entreprise, il y avait 22 salariés, et nous faisions 3 millions d’euros de chiffre d’affaires, et aujourd’hui, l’équipe compte 40 salariés pour un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros. Nous sommes toujours présents sur le marché parisien. On trouve nos produits à la carte des brasseries auvergnates et jusqu’aux tables gastronomiques. Nous avons développé le volet boucherie de qualité sur l’ensemble du territoire avec des produits différents. Cela s’est vraiment accéléré depuis 4 ans » explique Matthias Caussade, le président, qui dévoile la recette de ces saveurs gourmandes d’éleveur artisan salaisonnier-charcutier : « Nous travaillons avec une dizaine d’éleveurs pour la plupart intégrés répartis dans le Lot, le Cantal, en Aveyron, et en Corrèze. Nous avons développé le côté Lot, d’abord avec notre séchoir à l’air libre, sans ventilation mécanique, à Labastide-du-Haut-Mont, sur le toit du département. C’est une implantation stratégique. Et au niveau de l’abattage, nous travaillons avec l’abattoir de Saint-Céré depuis juillet 2022. » Affinage, longueur en bouche, goût persillé, teneur en sel la plus faible possible, pas de nitrates… les saveurs sont au rendez-vous pour le grand plaisir des gourmands. La Maison Laborie développe également son réseau de boutiques. Après Parlan, berceau familial
cantalien, Toulouse à Victor Hugo, Aurillac, Martel a ouvert ses portes l’été dernier. « Le Lot est un territoire que j’apprécie. Nous sommes sur d’autres projets. L’objectif est de réussir notre implantation dans le département » conclut le dirigeant. chef d’entreprise qui a été accompagnée par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Lot avec le dispositif Visa Création et la plateforme Initiative Lot. Une belle reprise !
maison-laborie.com
VILLESEQUE : la ferme du TESSOU, producteur d’exception
Le temps long et la défense d’une culture sont au cœur du projet
Eric Caillard s’est installé à Villesèque en janvier 2020 comme éleveur de porcs noirs gascons « en plein air intégral ». « J’ai créé la Ferme du Tessou en partenariat avec Fabien Jouves. L’élevage est reconnu par l’Association Nationale de Sauvegarde du Porc Gascon. Nous sommes les seuls dans le Lot avec Pierre Tabel à en élever en agriculture biologique. L’objectif était de créer un produit d’exception et de le remettre au goût du jour. Le temps long et la défense d’une culture sont au coeur du projet. C’est un cochon adapté au territoire et qui a du goût » précise le paysan-éleveur qui vend ses produits (frais, sec, et conserves) en direct au marché de Cahors. On peut également les retrouver dans des boutiques locales, et des points de retraits (par rapport à un nombre de commandes). « J’ai aussi des clients à Toulouse, à Bordeaux… Je travaille aussi avec les restaurants lotois : Le Marché, Le Bistro 1911, le Château de Mercuès, l’Ô à la Bouche, les Jardins, Antinéa mais aussi 2 étoilés en dehors du département, le Saint-James à Bouliac, et Choko Ona à Espelette » explique le fondateur de la Ferme du Tessou qui a toujours une seule ambition : que le Porc Noir Gascon soit aussi Lotois !
06 13 80 46 02 ericcaillard@tessou.fr
tessou.fr
Saint-Géry-Vers : au fils des saisons des JARDINS DU MAS DE GREIL
Local et ultra local font partie de l’ADN de l’exploitation
Marie Féral a créé Les Jardins du Mas du Greil en mars 2019. Hervé, son mari, l’a ensuite rejoint sur l’exploitation agricole. « Nous avons plusieurs jardins en Bio sans serres chauffées : potager, floral, safranière, aromates… Cela nous permet de travailler à l’année en suivant la saisonnalité. C’est dans notre ADN. Nous séchons et conditionnons nous-mêmes nos cueillettes. Nous vendons en direct avec la marque Valeurs Parc sur les marchés, aux boutiques partenaires, et aux restaurateurs dont les Bonnes Tables du Lot. Nous avons d’ailleurs développé fleurs comestibles et micro-pousses pour répondre à la demande des chefs. J’ai d’ailleurs suivi une formation autour de cette filière » précise-t-elle. Le local est donc au cœur des Jardins du Mas de Greil qui ajoute même une note encore plus ultra grâce à un partenariat engagé avec Le Mas de Saboth, La Truite Dorée et la Chêneraie. Les voyants sont au vert.
Chemin du Bois Noir, Causse du Vers, 46090 Saint-Géry-Vers
06 72 96 04 41 fermedumasdegreil@gmail.com
